- Alexander
- 7 décembre 2023
Sound Of Freedom : un film à voir absolument ?
Explorons la vérité derrière le film “Sound Of Freedom” en remettant en question la crédibilité de son personnage central, Tim Ballart.
Dans le monde du cinéma, il n’est pas rare de voir des films exploiter des sujets sensibles pour attirer l’attention du public. Malheureusement, certains n’hésitent pas à franchir la ligne de l’éthique en utilisant des mensonges éhontés en créant des histoires de toute pièces sur les-quelles reposent leurs œuvres. C’est notamment le cas du film « Sound Of Freedom » qui prétend alerter sur les trafics sexuels de mineurs, mais dont l’histoire se révèle être totalement inventée. Ces mensonges ne sont pas nouveaux mais avec la sortie récente du film dans les salles de cinéma françaises il m’a paru important de vous faire part de mes nombreuses découvertes au sujet de Timothy Ballart, l’homme autour du-quel le film se déroule, et la « genèse » de son groupe « Operation Underground Railroad », l’arrestation d’un « membre d’un traffic d’enfant » et le sauvetage de la soeur de sa victime, une jeune mexicaine supposément sauvée dans la jungle sud-américaine.
Une histoire … intrigante
C’est peu de temps après la création de son organisation que « Tim » Ballart s’est fait connaitre. Devenu un symbole de la lutte contre le traffic sexuel sur mineurs – un thème qui existe réellement – grâce à un récit qui a rapidement suscité des alertes parmi de nombreuses personnes, notamment en raison des multiples incohérences variables d’un récit à l’autre. Le récit le plus souvent relayé par le militant étant la « genèse » de son organisation, l’évènement qui l’a poussé à quitter la Sécurité Intérieure pour se consacrer à la lutte contre la pédocriminalité organisée. Cet événement aurait donc eu lieu à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, alors que Ballart enquêtait sur un réseau de pédocriminalité, il y aurait sauvé un enfant de 5ans, Pedro, d’origine Mexicaine qui aurait donc été victime d’un réseau. Ce jour-là, notre protagoniste aurait donc arrêté un pédocriminel qu’il nommera « Earl Buchanan », la jeune victime aurait ensuite « sauté dans ses bras » et lui aurait offert un pendentif arborant l’inscription « Timothy 1 », un verset biblique, signe divin manifeste selon le sauveteur. Cependant, le petit garçon lui aurait alors demandé de poursuivre sa lutte dans le but de sauver sa grande sœur, kidnappée par le même réseau mais qui serait retenue quelque part dans la jungle sud-américaine. Je suis navré pour le spoil, si vous n’avez pas vue le film « Sound Of Freedom » je viens de vous révéler ses premières trente minutes (bien sûr l’histoire est bien plus détaillée, notamment autour de la question de comment Tim aurait réussi à remonter jusqu’au trafiquant), mais cela était nécessaire pour pouvoir développer une véritable critique du personnage et de l’histoire du film.
Derrière le récit, un mensonge monté de – presque – toute pièce
Au risque de décevoir certain.e.s, je suis contraint de vous révéler que cette histoire est fausse. C’est plus précisément lorsque Tim Ballart s’est avancé en donnant un prénom et un nom au criminel en question que les preuves ont commencé à pleuvoir. Divers rapports, provenant de la police des frontières et de la sécurité intérieure américaine, ont fait surface et ont démystifié le récit inspirant, pourtant raconté lors de nombreuses interviews ou face à d’innombrables donateurs de l’organisation « Operation Underground Railroad ». L’enfant existe bel et bien, de même que le criminel, mais le reste est… comment dire… 100% faux. « Pedro » est en réalité américain, il est apparu devant des agents de la patrouille frontalière en 2006 alors qu’il se trouvait dans un véhicule en provenance du Mexique. Au volant se trouve un homme âgé de 62ans, Earl Buchanan, mais l’enfant ne dispose pas de papier d’identité ce qui força les agents à enclencher une procédure pour vérifier que le jeune garçon est bien Américain. Placé sur le côté, le véhicule est fouillé par la patrouille et c’est au cours de cette fouille que l’un des agents à découvert un caméscope et a vérifié les images qu’il contenait (c’est la procédure normale dans ce genre de cas), la première cassette n’a rien montré de particulier mais la seconde fut plus qu’explicite : un homme âgé de « 40 à 60ans » commettait un acte plus que répréhensible sur un enfant âgé de « 5 à 8ans ». Je me garderai de vous décrire ce que le rapport de l’agent Ruiz raconte et me contenterait de réécrire le terme qu’il emploi pour qualifier le type de vidéo qu’il a pu observer : « pédo-pornographie ».
L’homme fut ainsi emmené en détention pour obtenir plus d’informations, pendant ce temps la grand-mère du garçon âgé de 5ans fut contactée afin de confirmer l’identité de son petit-fils ainsi que son accord pour que Buchanan l’emmène au Mexique, car oui l’enfant ne fut absolument pas kidnappé par le criminel, ce dernier étant connu de la grand mère puisqu’il n’est autre que le propriétaire de son logement. Voilà la véritable histoire, un enfant victime d’un prédateur qu’il connaissait (comme l’immense majorité des victimes de pédocriminalité, rappelons-le) qui a profité de la confiance d’une dame surement pleine de bonnes intentions pour amener sa très jeune victime au Mexique et surement abuser d’elle. Si vous vous souvenez bien, Ballart prétendait que le garçon avait une soeur elle aussi victime du traffic sexuel, et bien dans la véritable histoire l’enfant a bien une soeur mais n’est ni victime d’un traffic sexuel ni n’a perdu sa soeur emmenée au fin fond de la jungle sud-américaine. Timothy Ballart a donc menti sur presque toute la ligne et n’a eu aucun mal à utiliser l’histoire horrible d’un prédateur sexuel – qui aurait fait 11 victimes – et de sa jeune victime pour se créer l’étoffe d’un héros avant de commercialiser cette supercherie sous la forme d’un film – après l’avoir utilisée pendant des années pour lever plusieurs millions de dollars – qui dépeint l’héroïsme d’un homme d’une manière on ne peut plus clicher.
L’égo d’un homme au profit d’un combattant au combien important
Maintenant que l’on sait que l’histoire sur la-quelle le film « Sound Of Freedom » est basé est fausse, intéressons nous de plus prêt au reste de celui-ci. Malgré des décors intéressants, des acteurs convaincants et une mise en scène professionnelle, le scénario détourne complètement notre attention du message prétendu du film : la lutte contre le trafic d’enfants à des fins sexuelles. En effet, l’écrasante majorité des scènes ne tournent qu’autour du personnage de Tim Ballart, joué par Jim Caviezel (Person Of Interest), Doté d’une intrépidité surprenante, il mène des équipes spéciales, manipule un prédateur sexuel pour obtenir des informations et sauve un jeune garçon – qui là, contrairement à de précédentes versions qu’il avait données, ne saute pas dans les bras du héros mais le regarde intensément à l’arrière du véhicule à l’arrêt -, affronter la jungle et de méchants latinos complices du traffic … entre autres ! Le scénario ne tourne qu’autour de Ballart, la pédocriminalité apparaissant comme un sujet annexe, presque anecdotique face à l’héroïsme de celui qui se découvre alors une vocation dans le sauvetage d’enfants. Et c’est peut-être là que la démarche pose le plus de questions car je n’ai jamais regardé un documentaire sur le sujet de la traite moderne qui se soit autant concentré sur ceux qui luttent contre, le sujet étant précisément ses victimes et ses instigateurs. Le film me parait clairement inspiré du fameux Taken (avec Liam Neeson) qui fut un véritable succès mondial mais qui ne prétendait en rien avoir pour principal but d’élever les consciences sur cette même traite, qui d’ailleurs fait également de nombreuses victimes adultes.
Le succès du film repose sur sa supposée importance au vue du danger et des conséquences du traffic d’êtres humains mineurs mais cette promesse n’est donc pas tenue, le scénario ne sert qu’un seul réel intérêt : mettre Ballart sur un pieds d’estale et renforcer le récit qu’il a partagé pendant de nombreuses années au cours de différentes interviews et devant de nombreux donateurs, tous motivés par l’horreur de l’histoire contée. Voilà donc ce que beaucoup reprochent à Ballart et ses, anciennes, équipes : la vacuité de tous les arnaqueurs.
Une stratégie de communication tout à fait douteuse
Operation Underground Railroad a en effet rompu les ponts avec Timothy Ballart, plusieurs sources parlent alors de manquements « éthiques » et d’accusations pour « comportement sexuel inapproprié » (Vice) pour expliquer cette séparation, 10 ans après que Tim ait créé l’organisation. La première explication est la seule qui nous intéressera ici, le groupe aurait reproché à son créateur de répandre des mensonges et des approximations, notamment au cours de la promotion du film au cours de la-quelle il aura notamment accusé le « wokisme » et la « gauche » américaine de protéger et permettre la pédocriminalite (sans l’ombre d’une preuve, c’est évident). O.U.R a souvent été accusé de manquement à la loi et de mettre des enfants en danger au cours de leurs opérations, se séparer de Ballart pourrait donc leur permettre de se refaire une jeunesse mais cela n’enlèvera rien au fait que la « genèse » du mouvement restera une histoire montée de toute pièce où, rappelons-le, un pédocriminel est mystérieusement devenu un trafiquant d’enfants.
Tim Ballart n’est pas le seul à avoir participé à la promotion du film, Jim Caviezel – l’acteur principal – y a également donné sa patte. L’homme est connue pour divers rôles au cinéma et sur le petit écran, son visage est synonyme de talent et sex appeal pour beaucoup mais ce que certain.e.s ignorent surement est que l’homme est un vecteur de théories très populaires au sein des groupes « QAnon », ceux-ci étant notamment connus pour croire que Donald Trump, 45ème président des U.S. aurait gagné les élections Américaines en 2020, serait un activiste contre des élites internationaux qui se livreraient à des pratiques satanistes et pédocriminelles comme dans une certaine théorie – partagée par Caviezel au cours de la promotion – dite de « l’adrénochrome » (molécule pourtant bien connue de la science qui ne correspond en rien à une drogue ou à une cure de jouvance qu’elle est supposée être selon ces théories). Un tour sur les réseaux sociaux permet de confirmer que la présence de ces théories au sein de la promotion de « Sound Of Freedom » a clairement participé à populariser l’oeuvre au sein des groupes QAnons et autres mouvement dits « complotistes », moi-même ai-je cru que cela était le thème principal du scénario hors cela n’est pas le cas. Difficile de savoir si les spectateurs motivés par ces croyances furent déçues de leur absence, à vrai dire il suffit de regarder le comportement de ces personnes pour se poser des questions sur la réalité profonde de ces croyances, certains mangeant goulument leurs pop-corns en regardant un film dont ils prétendent croire la moindre scène alors que celui-ci parle d’un sujet ô combien révoltant et immonde, d’autres ne s’engageant pas au sein de l’organisation O.U.R. alors qu’ils n’ont de cesse de « dénoncer » les supposés actes atroces que les élites commettraient sur des enfants, sur leurs réseaux sociaux ou des forums obscurs.
Je ne m’attendais à rien mais je suis quand même choqué
Je ne connaissais ni Operation Underground Railroad, ni Tim Ballart avant que se film ne commence à faire parler de lui outre-atlantique. Chez nos amis Américains avait alors été prétexté que le film était supposément financer par Mel Gibson – acteur très actif dans la lutte contre la pédocriminalité -, avant que cette affirmation ne disparaisse mystérieusement, ou encore que le film était « censuré » chez l’Oncle Sam, cette fausse accusation servira également dans la promotion du film en France. Avant même que l’oeuvre ne soit diffusée dans les salles anglophones il était donc déjà entouré de fake news et autres théories controversées, ainsi, de nombreuses personnes, tout comme moi, ont été dissuadées de se déplacer pour le voir.
Mais après une discussion plus que mouvementée avec des personnes croyants fortement aux révélations du film, qu’ils n’avaient pas vue, j’ai pris la décision de le voir et de faire des recherches intensives autour de son personnage central, c’est ainsi qu’est né cet article. Sachez également que ce dernier n’inclue pas l’entièreté de ce qu’y est reproché à l’oeuvre et ses protagonistes, le producteur (Angel Production) ayant notamment reconnu que l’oeuvre comporté des « éléments fictifs » – par rapport à l’histoire de Ballart – notamment une scène où les enfants sont transportés dans un conteneur pour traverser une mer ou un océan. Je ne peux que confirmer la réalité des accusations de mensonges mais je me dois de reprocher à certains, dont je doute qu’ils aient regardé l’oeuvre, leur utilisation du terme « navet » pour la qualifier, le film se regarde mais ce à condition de se rappeler que l’histoire est fictive et ses bases « réelles » (selon un message qui apparait dans les premières minutes) sont très faibles.
Ressources :
https://www.foxnews.com/story/feds-uncover-child-molesting-den-after-border-arrest
https://offender.fdle.state.fl.us/offender/sops/flyer.jsf?personId=26890
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